les jours sombres de la Lorraine vus par Michel Metzelard

Publié le par am phot'saone

les jours sombres de la Lorraine vus par Michel Metzelard

Un roman ayant pour cadre la guerre de trente ans et les jours sombres de la Lorraine, les horreurs de cette période, période trop méconnue parfois par les habitants de ces régions du Grand Est, et qui pourrait en partie leur rappeler pourquoi ils doivent aller visiter des châteaux-forts et des abbayes dans les autres régions de France...

(clin d'œil à ceux du Vieux Fontenoy qui œuvrent pour que les traces du passé subsistent et tentent de maintenir debout ce qu'il reste du plus vieux donjon de Lorraine) http://amisvieuxfontenoy.fr/

Mais….

Difficile à lire ces pages où les paroles sont écrites dans la langue paysanne de l'époque où supposée par l'auteur...

Entre les e avalés, les termes inconnus en italiques, les expressions hyper localisées "Sud-Lorraine", même pour une payse, les yeux bloquent sur les lignes...

Et pourquoi, Monsieur Metzelard emploie-t-il dans son texte cet horrible mot péjoratif et sexiste au possible de pisseuse ! Encore, s'il est prononcé par l'un des personnages, souvent soudards puant de graisse et d'alcool, ça peut s'expliquer et s'accepter; il en est différemment dans le corps du récit pur. Un manque de respect flagrant qu'on aurait du mal à me justifier mais littérairement...

Pour ceux qui aiment les histoires régionales et paysannes, les contes agrémentés de mystères, de loups, de bois sombres, de filles sauvages, et d'amours tumultueuses...

et l'ambiance vie des ruraux en période de guerre et de dévastation, âpres à la tâche, traqués par les soldats, par les maladies, par la misère, et le mépris des seigneurs, victimes des saigneurs...

Et puis, nous voici au fil de l'histoire plongé dans l'horreur de l'Histoire, de cette guerre de 10 ans qui a ravagé les Monts Faucilles, dévasté le Bassigny, anéanti la Vôge, vidé par le tranchant et la terreur la Haute-Saône de ses habitants, le tout complété, s'il en fallait encore, par la famine et une épidémie de peste.

Enfin, les loups ! Mais qu'on-t-ils tous avec leurs loups ces temps-ci ???

N'en n'ont-ils pas assez entendus de ces histoires de chaperons rouges ?

Il n'y a pourtant pas si longtemps, encore de mémoires d'hommes, des enfants dévorés, des bergers agressés dans des époques sombres, où le froid les faisait sortir du bois, attaqués dans les villages ou sur les chemins.

Mais non, de nos jours, le loup est un gentil toutou incompris... et dans le livre de Metzelard il y a Loup et loups ! LE loup, le gentil, élevé avec l'enfant et qui le sauve de tout ou presque, et les loups... les loups noirs venus derrière les troupes de mercenaires, derrières les Swabes, derrière les troupes ennemies, prêts ceux-ci à dévorer les survivants après avoir déchiquetés les morts... et, bien sûr, cela coule de roman, tués par la meute DU Loup...le bon...

je ne garderai pas ce livre dans mes rayons

je ne lirai plus de livres de Metzelard...

(je comprends pourquoi je l'ai trouvé chez... Noz...)

ça me donne envie de parodier ces émissions actuelles avec un "je ne valide pas" ce livre, ou "je n'aime pas" !

ceci dit, il en faut pour tous les goûts et cela ne lui enlève pas le mérite d'avoir choisi ce sujet de l'Histoire de notre région trop méconnue de ses propres habitants.

EXTRAIT que j’ai même du mal à réécrire…

« - Ventr’Diou, où c’que t’vas ? »

« - Laiss’aller maint’nant. »

« - Dis-moi don’Gengoult, d’où vient çui-là qu’j’à jamais vu ? »

« Ventre Dieu, personne m’écoute, pas un couareuil, ça, on croirait j’ter l’eau bénite »

«- Et les soudards à héberger, personne n’en parle ? Ceux-là ont tous les droits, voler notre pain, forcer nos femmes, les v’là les plus grands bandits.

- Contre ceux-là on peut rin, le Roy les défend. V’z’avez su à OUrches ? Qué’ques habitants ont voulu s’opposer aux billets d’logement, on les a fouettés sur la place de l’église. »

« -Y’à qué’que chose que j’m’explique pas, ça s’rait-y pas une pointe de f’nouille ? »

« Ch’tiote, la guerre, la souffrance, la misère sont inévitables. P’t’être la race des hommes mérite ça ? La vie ressemble à une rivière du Ciel en crue, pour survivre, faut s’accrocher aux branches, lever la tête, trouver d’l’air ». Elle a rajouté « je l’sais, ch’tiote, t’auras des moments durs. Souviens-toi qu’les branches, qu’l’air qui sauve sont la chaleur du cœur. Trouve des plaisirs simples : la rosée du matin, le rire d’un ami, le chant d’un oiseau, un parfum d’fleur. »

Au sujet de cet épisode d’horreur je citerai ici ce qu'en dit Girardot de Nozeroy:

" La postérité ne le croira pas, les riches qui possedoient force chevances et avoient eu au commencement des espargnes, estoient espuisez, les pauvres paysans estoient retirez dans les villes sans labeur ny employ, le bled (blé) rare partout se vendoit à prix desmesuré : on vivoit des herbes des jardins et de celles des champs : les charognes des bestes mortes estoient recherchées aux voiries, mais cette table ne demeura pas long temps mise : on tenoit les portes des villes fermées pour ne se veoir accablez du nombre des gens affamez qui s'y venoient rendre, et hors des portes les chemins demie lieüe loing estoient pavez de gens haves et deffaictz, la plupart estenduz de foiblesse et se mourant : dans les villes les chiens et les chats estoient morceaux délicats, puis les rats estans en regne furent de requise, j'ay veu moy-mesme des gens bien couverts relever par les rües des rats morts jettez par les fenestres des maisons et les cacher pour les manger. En fin on vint à la chair humaine, premièrement dans l'armée où les soldats estans occis servoient de pasture aux autres qui couppoient les parties plus charnues des corps morts pour bouillir ou rostir, et hors du camp faisoient picorée de chair humaine pour manger : on descouvrit dans les villages des meurtres d'enfans faicts par leurs meres pour se garder de mourir et des freres par leurs freres, et la face des villes estoit partout la face de la mort. »

(source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Dix_Ans_(Franche-Comt%C3%A9))

En Alsace : http://www.jds.fr/tourisme-et-loisirs/guide-de-l-alsace/les-ravages-de-la-guerre-de-trente-ans-en-alsace-34577_A

Après lecture du livre de Michel METZELARD, la lune aux loups - octobre 2015

agnès

Publié dans Vosges, Livres

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