Les mémoire d'un vélo sur les routes de France... racontée par un vélo
Les mémoires d'un vélo - Ch. Pélissier et Noré Brunel - 1936
Lecture de « Mémoires d’un vélo » vieux livre acheté à Langres, chez un antiquaire, pour la modique somme de 1 euro si mes souvenirs sont bons…
Avec ce livre, nous voici parti sur les routes de France, roue dans roue ! De belles virées en malheureux accidents, les déboires des coureurs… de 1936 !
Rien à voir donc avec le Tour 2017 ou le prochain.
Les coureurs de 1936 boivent de la bière dès qu’ils ont soif, ils mangent du saucisson quand ils ont faim.
Ils tombent et se relèvent. Les pneus percent sous l’assaut de clous jeté sur la chaussée…
Le récit est fait… par le vélo d’un de ces rois du bitume.
Quelques illustrations de Joë Hamman animent ce livre.
Ce livre a été écrit (ou inspiré) par Charles Pélissier, né le 20 février 1903 dans le 16e arrondissement de Paris, arrondissement où il est mort le 28 mai 1959, un coureur cycliste français.
Sa mère était de Revin dans les Ardennes.
Il a participé six fois à la grande boucle et a remporté 16 étapes. Donc, un vrai coureur !
Le co-auteur est Noré Brunel, pseudonyme de Honoré, Paul, François Brunel, auteur dramatique et romancier (1886-1954) qui ne semble pas avoir de fiche à son nom sur Wikipédia. On pourra s’en étonner car il semble que Monsieur Brunel ait plusieurs livres à son actif. Sans doute est-ce lui qui a mis en phrases les mémoires de Pélissier.
Il semble également qu’il a publié de nombreuses fois aux Editions Delagrave et participé à d’autres livres (8 environ) avec un certain José de Bérys, pseudonyme de Joseph Bloch, un écrivain français né à Aix-en-Provence le 13 novembre 1883 et mort à Meudon le 20 mai 1957 ; sur la fiche wikipédia duquel apparait le nom de Brunel.
Ce livre est presque un document à lui tout seul sur la vie des coureurs et de leur machine. Enfin, je veux dire leur vélo car il ne s’agit pas d’une vulgaire « machine ».
Noré Brunel
Quand au dessinateur, qui est-il ? qui le connaît ?
Si je vous dis que sa filmographie est impressionnante, me croirez vous ??
« Sous le nom de Joë Hamman, il a publié, en 1962, un livre autobiographique préfacé par Jean Cocteau, Du Far-West à Montmartre »
Vous aurez compris que lui a une fiche wikipédia !! est-ce signe de célébrité ? un peu, quand même…
« Jean Hamman dit Joë Hamman, est un acteur, réalisateur, dessinateur et illustrateur français, né le 26 octobre 1883 à Paris et mort le 30 juin 1974 à Dieppe. Il est considéré comme l'un des créateurs, au début du XXe siècle, du « western français », avec son ami le réalisateur Jean Durand. »
Hé ! pas n’importe qui le dessinateur des Mémoires d’un vélo.
Il aurait même donné dans le Tintin.
A 12 ans il avait rencontré les frères Lumière, dont les parents sont de Haute-Saône -70- et il s’est lié d’amitié avec Buffalo Bill ; enfin, ça, c’est plus tard…
Certaines de ses illustrations sont conservées au Musée national de la coopération franco-américaine du château de Blérancourt dans l’Aisne.
Allez hop, un petit film, c’est cadeau :
Joe Hamman, le français qui inventa le western
Et voilà ! vive l’informatique qui nous permet d’en savoir plus sur tout le monde !
Et vive les antiquaires et bouquinistes et collectionneurs, qui nous permettent de retrouver ces livres anciens et leurs héros virtuels et réels !!
Quelques lignes de ce livre : C’est le vélo qui nous narre ces aventures cyclistes.
Page 6
Le vélo, narrateur, nous parle de sa naissance, de ses « parents ».
« Quand à ma mère, vous avouerai-je que j’en ai plusieurs ? C’est qu’en réalité, je suis le fils, l’un des innombrables fils d’une foule d’usines. Mes roues, on les a fabriquées à Billancourt ; mes boyaux à Montluçon ; ma selle, à Levallois ; mes freins, à Juvisy. »
« Joie de rouler ! Ivresse de foncer dans l’espace ! L’air fouette et claque ; la chaussée chante ; les murs de bordure vibrent comme des peaux de tambour. Les jambes de mon maître sont des bielles. Elles pèsent sur mes bras, les pédales, et tournent, tournent sans cesse, toujours plus vite, toujours plus fort. Un peu de vertige me saisit. La route glisse sous moi pareille à un long ruban qui se déroule. »
Ici, le narrateur évoque le Tour de France, la grande boucle, et tous les métiers qui tournent autour.
« Nous étions partis. Nous avions montré nos soixante dos à toutes les célébrités de la finance, du café-concert, du music-hall et de la politique ; à toutes les petites dames qui avaient apporté des fleurs ; à tous les gosses qui avaient « séché » à l’école ; à tous les petits télégraphistes, les saute-ruisseau, les apprentis pâtissiers, les chasseurs d’hôtels, les dactylos qui avaient inventé par avance mille prétextes pour arriver en retard à leur travail ; à tous les photographes, les conducteurs d’autobus, les mécanos, les vieux messieurs, les vieilles dames qui auraient bien voulu, je gage, être coureurs ou être vélos, pour vivre, pendant près d’un mois, la plus belle des aventures, pour voir les plaintes, les monts, les rivières, les ruisseaux, les prairies, les bois, les villes, les villages du pays de France que nous allions ceindre d’une magnifique ceintures multicolore. »
Quel poète, quel homme, quel sot enfin a-t-il dit que partir c’et mourir un peu ? Partir c’est vivre, au contraire. Vivre par avance les heures d’un voyage qui finira peut-être mal, mais qui demeurera beau, quoi qu’il en soit. »
Et puis… il y a la caravane ! et là, il aime moins notre vélo, on dirait…
« Je reviendrai sur cette caravane abominable, plus méprisable que les fourgons d’un peuple fuyant devant l’ennemi »
chute de vélo !
Et la bière, sur laquelle les coureurs se jettent dès qu’ils le peuvent ! Mais c’est toujours notre vélo qui parle :
« Allais-je, du moins, me rattraper dans l’étape du lendemain qui, de Charleville à Metz, devait nous conduire en Lorraine ? »
…
« Tu as été avec nous jusqu’à une trentaine de kilomètres de Metz, et tu as vu nos hommes se précipiter sur un camion de bouteilles de bière. Ces hommes ! Est-ce possible qu’ils soient éternellement altérés ? Est-ce que nous buvons, nous ? Je te le demande. »…
l'eau des fontaines si rafraîchissante pour les cyclistes
Et parfois, les vélos sont au repos… repos ou fin ?
« Les vélos, je le supposais du moins, devaient avoir le sort des vieilles bêtes domestiques qui ont travaillé toute leur vie et qu’on emmène un soir dans un fourgon pour les livrer au bourreau. »
« Orchestre ! Miousique ! »
… « et les musiciens entamèrent la Marche des Six-Jours »
https://www.deezer.com/fr/album/8693301
ou ici : http://darkmp3.su/album-disque-officiel-des-6-jours-12010703.html
page 119 bientôt la retraite ?
« Un vélo ne cours pas sans dommages un Paris-Verdun, un Bordeaux-Paris, des courses sur piste, un Tour de France et les Six-Jours. »
Et… Bon Tour de France 2018,
ça approche à grande vitesse !
Par contre, je n’ai encore pas recherché pourquoi dans cette période, les livres portaient la mention « Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays, y compris l’U.R.S.S. »
L’U.R.S.S. n’était donc pas un « pays » ?
Et en 2018, ai-je seulement le droit de reproduire tout ça ? je vous le demande !
vous apprécierez le grain du papier
Mémoires d’un vélo – Charles Pélissier et Noré Brunel
Illustrations de Joë Hamman
Librairie Delagrave, 15 rue Soufflot à Paris – 1936
Collection « Sports et aventures n°2 »
Imprimerie G. Michiels-Broeders, Tongres (Belgique)
Acheté à Langres, 1€ en 2015
Dessins de Joë Hamman, musique de Francis Lai... Bibliographie de Noré Brunel