Michel Monnin, histoire de son enfance à Jussey

Publié le par côté lecture

Michel Monnin, histoire de son enfance à Jussey  

Non daté. Mais l’avant-propos porte la date du 24 juin 1991 ce qui a son importance pour resituer notamment les noms actuels auxquels l’auteur fait référence (et qui du coup, en 2018, ne le sont plus…)

Mémoires destinés avant tout aux Jusséens de naissance, d’adoption, puis aux personnes s’intéressant au secteur et à son histoire récente, soit depuis la dernière guerre.

 

Des souvenirs en pagaille qui rappelleront les belles heures de l’enfance à certains, comme ses parties de jeux entre copain, les blagues, les coups durs, les parties de pêche, et les plongeons intempestifs, les orties… le martinet, aussi.

 

On ne s’ennuie pas avec M. Monin. On revit avec lui la vie d’antan dans une bourgade commerçante, les restrictions dues à l’occupation allemande, les drames familiaux vus de l’enfance, les privations et les deuils.

 

De quoi relativiser avec nos soucis d’aujourd’hui, notre façon de vivre et d’appréhender le manque d’argent.

 

L’auteur nous relate son enfance à Jussey, il est né en 1932. Il a 7 ans en 1939, 10 ans en 1942.

10 ans ! Il part en vélo de Jussey à Gray. 52km 3h32 (en 2018 selon le site Mappy).

Imagine-t-on cela en 2018 ? Laisser un enfant de 10 ans partir sur les routes pour rejoindre ses grands-parents avec juste l’indication des villages à traverser et des recommandations de prudence ?

Ma mère en faisait 40 pour aller chez des oncles dans les années 50, mais elle avait 15-20ans. A 8-10 ans, on l’envoyait à travers bois faire les courses dans un village à 5 km de chez elle.

 

Retour vers le passé avec le salon de coiffure du père de M. Monin, l’atelier de menuiserie du père Boudot, les bêtises des enfants, la chute dans l’étang, l’apprentissage du vélo,…

Jussey, vue générale

Jussey, vue générale

Page 7

« Comme plus de 98% des Français, je suis d’origine paysanne, et j’en suis fier. »

 

Page 12 le tram… ce merveilleux progrès aujourd’hui disparu…

« On le prenait à Jussey à l’endroit où se trouvent maintenant les bureaux de l’Equipement : là se trouvait sa gare. Un tableau qui est accroché à l’étude Maître Doucet, le notaire, représente cette gare avec assez de fidélité, me semble-t-il. De là il gagnait Gevigney en suivant une voie (ferrée, bien sûr !) dont l’Avenue de Verdun épouse maintenant le tracé, puis Lambrey (la gare y est encore visible au bord de la route), puis Combeaufontaine qui était le grand centre ferroviaire ; les trams y arrivaient tous en même temps, venant de Jussey, Vesoul, Gray, Champlitte. »

Dessin de M. MONIN

Page 62

« Monsieur Boudot était menuisier-ébéniste.

« Il fabriquait des meubles magnifiques, en bois bien sûr, car on ne connaissait ni le formica ni les panneaux d’agglomérés de toutes sortes avec lesquels de nos jours vous pouvez obtenir très vite une étagère ou un rayonnage sans être particulièrement doué. Il travaillait le bois brut. Il fallait le choisir, le débiter, le scier, le dégauchir, le raboter, le poncer, tailler au ciseau à bois les tenons et les mortaises, assembler les éléments sans clou ni vis, uniquement avec des chevilles de bois et de la colle. C’est comme ça qu’il avait fabriqué le petit buffet de cuisine dont j’ai déjà parlé. »

 

Et les copeaux !!!

« Et les copeaux ! Ai-je parlé des copeaux ? Incroyable !

« Il y en avait partout. Des grands plats, des petits torsadés, des longs et filiforme, des tordus, des frisés, des chevelus, des vrillés en hélice ou en spirale. Les plus récents, dorés et brillants, ou très blancs, rappelaient des cheveux de poupée ou, plus volumineux et striés, faisaient penser à des fossiles ou encore à certaines variétés de pâtes alimentaires. À l’autre extrémité du tas, les copeaux les plus anciens se mélangeaient à la sciure qui envahit tout, et paraissaient sales : ceux-là serviraient bientôt à raviver le feu du vieux fourneau, le matin. Ah ! les copeaux ! Tu peux te cacher dedans ou y faire des galipettes ; si tu préfères, tu te confectionnes avec une magnifique perruque aux longues mèches bouclées ; ça s’agrippe à tes cheveux, à tes habits, et ça sent bon ! »

chez le menuisier, les copeaux...

chez le menuisier, les copeaux...

Page 82 les vendanges, les lambrusques et le tantelin

 « Enfin, nous longeons les lambrusques puis le petit bois d’acacias, et nous voici arrivés. … chacun… choisit une rangée de pieds de vigne et commence à couper les raisins.

….Bientôt les premiers paniers de grappes sont vidés dans le tantelin, sur le dos de mon oncle. Celui-ci redescend vers le chariot, escalade l’échelle, se plie en deux au-dessus de la balonge et y déverse le raisin. »

 

La lambrusque c’est tout simplement la vigne vierge. Et elle serait protégée ? peut-être pas dans toutes les régions ?? Encore faut-il ne pas les confondre avec les vignes abandonnées..

« Vitis vinifera sylvestris (du latin silva, forêt ou arbre, qui rappelle son habitat naturel et sa proximité avec les arbres sur lesquels elle se développe), constitue une sous-espèce de liane du gensre Vitis (famille des Vitaceae), au même titre que la vigne cultivée qui en est issue après des millénaires de sélection (Vitis vinifers sativa). Les lambrusques sont considérées par nombre de spécialistes comme l’ancêtre ou le plus proche parent sauvage des vignes cultivées contemporaines et anciennes. Après de nombreux siècles de sélection effectuée par l’homme depuis sa domestication il y a environ 7 000 ans, les héritiers des lambrusques nous ont donné les nombreux cépages que nous connaissons aujourd’hui. Les lambrusques ne subsistent plus que dans certains milieux (berges isolées, lisières ou clairières de forêts, à des endroits peu exploités). Les peuplements sont souvent groupés au sein de stations botaniques ou unités topographiques assez restreintes. Les lambrusques sont des végétaux rares et officiellement protégés depuis 1995. »

Source :

https://www.vignevin-sudouest.com/publications/fiches-pratiques/lambrusques.php

 

Quand au « tantelin », mes recherches sont vaines, si ce n’est… « les cahiers haut-marnais » ou dans le « Dictionaire des termes en usage a ̀Bourbonne-les-Bains » (Auteurs    Richard Brutel, Agrippa Cousin - Association des amis du vieux Boubonne et des environs, Hôtel de ville, 1967). Un mot local donc ?

Un vocable haut-marnais venus des nombreux coteaux viticoles de ce département et qui auraient été employé également en Haute-Saône.

Vocable répertorié dans le patois lorrain : « Tantelin : hotte de vendange » ainsi que le relate le site de P. Millot : http://pmillot88.free.fr/Ainvelle/patois.html

Et écrit avec un e « tentelin » sur le site franc-comtois : « TENTELIN : (n. m.) Hotte de métal. Variante : Tantelin. » http://www.cancoillotte.net/article.php3?id_article=114

Ou chez les « fans de Franche-Comté » ainsi : « Tantelin. Nom désignant une hotte de vigneron métallique. « Guette don’ l’ Lucien avec son tant’lin su’l'dos »

Site abrité par le Comité régional du tourisme : http://www.fans.franche-comte.org/dictionnaire-de-la-franche-comte-burlesque-lettre-t/

 

Photo de la hotte provenant du site :

 http://www.poissons52.fr/economie/agriculture/vigne/vigne1.php

 

tantelin: hotte pour la vigne

tantelin: hotte pour la vigne

è lu en juin-juillet 2018

Une enfance à Jussey de Michel Monin

Mémoires.  Imp.Repro-systèmes Vesoul. Non daté.

Emprunté à la Médiathèque de Jussey.

 

Monsieur Monin illustre lui-même son récit. Il a d’autres écrits à son actif relatant la vie d’autrefois, le patois, les racontottes, les chansons du pays.

 

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P
Hello!<br /> Belle lecture pour les vacances.
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