Argentique... pire que le numérique ?

Publié le par lectrice

Argentique... pire que le numérique ?

 

Un livre très petit format, presque une nouvelle. 67 pages dans un format 10.30cm x 15cm.

Dans une région isolée du Mexique un jeune garçon observe le petit monde qui l’entoure, tout en délestant les touristes de leur portefeuille et autres valeurs si possible. Un regard critique sur la condition de vie des villageois, puis sur la ville dans laquelle il décide fuir.

La vie est-elle meilleure en ville ? Sa déception sera grande mais repartira-t-il ?

 

Un pamphlet cruel mais clairvoyant sur la société, et les mondes qui séparent les classes sociales, et sur l’exploitation du monde rural.

 

Les touristes débarqués pour la Semaine Sainte dans ce village perdu, ne manquent pas de parcourir les stands pour acheter quelques souvenirs.

« Ils regardaient les tuniques en faisant la grimace, s’alpaguant dans leurs langues d’Occidentaux, laides et gutturales, sans doute pour se demander s’il valait mieux prendre le mauve ou le doré, et si cette tunique valait le coup. S’ils avaient regardé de plus près, ils auraient vu les taches de sang des doigts de la plus petite de mes sœurs sur cette tunique mordorée, et dont ils tenaient à faire baisser le prix. Nous acceptions toujours. Parce qu’il fallait manger, nous vendions le travail de deux mois de broderie, à raison de dix heures par jour, pour seulement cent pesos. S’ils voulaient baisser, nous baisserions, s’ils voulaient nous baiser, nous les laisserions. C’était la loi, la loi où cette race supérieure venait nous faire l’honneur de nous acheter de quoi manger en marchandant. »

 

Le titre « argentique », c’est parce que les touristes prennent en photos la misère, les enfants, le chat mort dans les bras de l’enfant triste, pour montrer les belles photos à leur retour, montrer la misère d’un peuple, montrer la souffrance… ça ne leur coûte rien !

 

Un très petit livre qui en dit long, qui n’est sans doute pas pris d’office quand on arpente les rayons d’une médiathèque tant il passerait inaperçu, sans photos, sans épaisseur.

 

Collection « plein feu » des éditions Lattès, collection engagée, tant sur le plan politique que littéraire. Elle offre aux écrivains une tribune des pensées et un espace de liberté formelle, aux prises avec l’époque. Car le regard de la fiction reste le plus juste, le plus féroce, pour révéler les folies du monde. (éditions JC Lattès).

 

Un tout petit livre, bien plus fort que tous ces gros pavés qui ont tant de succès, et que les maisons d’éditions aiment bien ; le côté sage permet d’assurer les ventes pendant plusieurs années. Étourdissement garanti.

 

Argentique de Salomé Berlemont-Gilles

Éditions JCLattès – 2013

Neuf : 4 € -  emprunté à la Médiathèque

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