Travailler là où nous voulons vivre de Jean-Christophe Fromantin

Publié le par la lectrice

Travailler là où nous voulons vivre de Jean-Christophe Fromantin

Un livre très récent par rapport à ce que j’ai l’habitude de lire.

Un livre politique ce que je lis encore plus rarement d’ailleurs. Mais voilà, comme La République et le Cochon, ce livre s’est trouvé sur mon chemin.

Un pur hasard de circonstance. Les livres « politiques » sont assez compliqués. Pour ma part je ne retiens que quelques passages, je ne partage pas tout, mais ça informe, on ne peut le nier.

 

Comme le titre l’indique, M. Fromantin prône un retour dans les territoires, un développement des territoires et la fin du tout-mégapole.

 

Alors voilà :

 

L’auteur commence par relater son combat pour organiser la future Exposition Universelle en France. Mais cette candidature éventuelle n’aura pas de suite. Le comité d’organisation ne validera pas le dossier. Je crois me souvenir que c’était à peu près à la même époque que l’on apprenait que Paris accueillerait la Coupe du Monde de football…

Ce fut une grosse déception.

 

Il cite parfois Élisée Reclus. « Le géographe Élisée Reclus, inspirateur de l’Exposition universelle de 1900, dont je me suis inspiré tout au long de ce parcours, avait cette phrase : « L’homme est la nature prenant conscience d’elle-même ». Elle illustre bien la prévalence de l’Homme et son immense responsabilité en particulier dans les périodes de transformation comme celle que nous traversons. En posant aujourd’hui cette question du sens et celle du choix d’un mode de vie, j’espère amener beaucoup d’entre nous à se poser aussi (d’abord ?)

 

On apprend ici qu’il y a un Bureau international des Expositions, le B.I.E., qui date de 1928, mais aussi que le nombre de personnes déplacées a atteint en 2017 le chiffre de 68.7 millions, soit une personne sur 110 à travers le monde (chiffres de l’O.N.U.).

 

Page 15

« …. Pour garder l’idée de voyage, de rencontres et d’expérience à travers les territoires du monde entier, je me suis inspiré du projet et des travaux du géographe Élisée Reclus qui, dans les années 1890, avait imaginé de construire, au cœur de l’Exposition universelle de 1900 le plus grand globe au monde. Élisée Reclus était l’auteur à succès de l’encyclopédie universelle Hachette. Ses voyages à travers le monde avaient éveillé à l’époque une véritable passion pour la géographie ».

« Le projet de Globe d’Elisée Reclus pour l’Exposition universelle de 1900 consistait à construire en haut de la colline de Chaillot (à l’endroit de l’actuel Palais du Trocadéro) un sphère de 160 mètres de diamètre autour de laquelle les visiteurs pouvaient se promener et parcourir le monde. La double épaisseur de ce globe était prévue à la fois pour observer la géographie du monde, mais également pour découvrir, au sein de chaque territoire, ses richesses, ses cultures et son patrimoine. En ambitionnant de mettre le monde à portée de main de millions de visiteurs, Elisée Reclus espérait que le visiteur prendrait conscience de sa diversité mais surtout qu’il comprendrait se responsabilité vis-à-vis de la planète entière et non plus de son seul pré carré. »

Sans succès ni pour l’un ni pour l’autre, puisque la France n’accueillera pas l’Exposition 2025.

Chapitre 2  - les paradoxes, les risques et les impasses d’un monde « hors sol » qui réduit notre liberté.

L’exode rural et suivi d’un exode massif des pays en difficulté vers les pays qui semblent plus développés. Certes ils le sont ; mais pour combien de temps ?

 

« Nous déplorons un phénomène migratoire sans précédent, mais nous développons des politiques économiques qui, par leurs impacts sur l’environnement, empêchent la prospérité de nombreux territoires et, par conséquent, le maintien des populations là où elles vivent. 

Nous sommes fondamentalement écologistes, et souhaitons une préservation de notre environnement, mais par nos habitudes et par notre manière de vivre, nous nous éloignons d’une vie réellement au contact de la nature. Et, quand bien même nous serions attirés par la vie à la campagne, à la mer ou à la montagne, la plupart du temps nous ne pouvons concevoir d’y vivre que le temps d’un week-end ou d’une période de vacances, sans vraiment se soucier d’ailleurs de l’équilibre de ces territoires et, en particulier, de l’éviction des populations autochtones. »

 

«Nous voulons une écologie pour la nature mais nous sommes prêts à faire de l’être humain l’objet de toutes les manipulations y compris sur ses facultés de discernement. Nous sommes pour le « bonheur du monde » mais pas au détriment de notre petit confort. En fait, comme le disait Jean Yanne dans une citation dorénavant fameuse : « Tout le monde veut sauver la planète mais personne ne veut descendre la poubelle ».

 

« Nous voulons préserver la planète mais nous sommes prêts à la déserter pour nous concentrer dans quelques métropoles de plus en plus denses et aseptisées. Comment aimer et faire aimer le monde si nous perdons la relation avec ce qu’il est en réalité ? Si ces paradoxes prospèrent, le monde qui se dessinera ne sera pas supportable et nous mènera inexorablement dans une série d’impasses : la première est (déjà) politique, les autres seront géographique, culturelle, sociale et économique. La recherche d’une universalité ne consiste-elle pas à éviter ces impasses, à maîtriser notre destin pour permettre à chacun de s’épanouir là où il souhaite vivre ? Quand je traverse la France et quand je vois, au milieu des paysages les plus beaux, des villages vides, des commerces fermés, des terres en friches et des usines désaffectées, et quand j’arrive en région parisienne et que je traverse des banlieues ghettoïsées, délabrées, au sein desquelles la vie est indigne des valeurs d’un pays comme le nôtre, je m'interroge sur notre capacité à tirer parti de nos atouts. »

 

« La deuxième impasse est géographie. Mais elle est surtout sociogéographique. Car l’option qui se dessine de ne voir notre avenir quand dans un processus de métropolisation conduit inévitablement à l’abandon de nombreux territoires qui participent à l’équilibre du monde. »

… cette métropolisation « incarne une vision très réductrice du monde. Elle va progressivement laisser en friche une partie de ce qui fonde la complémentarité de notre planète -et par conséquent la possibilité donnée à chaque être humain d’exercer ses talents là où il vit. »

 

Page 30

« Nous avons longtemps pratiqué une politique volontariste pour faire de toute la France un territoire de développement, nous pratiquons aujourd’hui une politique de retrait pour optimiser les dépenses en concentrant les populations. »

 

Page 62

« Ne serait-il pas plus satisfaisant de loger une famille dans le territoire et dans la maison dont elle rêve de vivre » (sic) « plutôt que de lui proposer d’attendre plusieurs années pour accéder à un trois pièces-cuisine au loyer modéré au cœur d’une mégalopole ? »

 

Page 65

« Au XXIe siècle, …., on peut s’interroger sur le fait que le travail, la consommation ou les loisirs ne nécessitent plus forcément d’habiter dans de grandes villes pour en bénéficier. La recherche d’une nouvelle qualité de vie, les enjeux environnementaux, mais aussi le rebond économique et le progrès social ne sont plus vraiment compatibles avec la saturation, la pollution et la gentrification des métropoles. L’innovation pourrait interrompre ce cycle, briser le monopole urbain et permettre à chacun de vivre là où il le souhaite. L’évolution des mœurs pose une question centrale : l’innovation va-t-elle nous permettre de compenser tous les avantages que la ville nous procure ? »

 

Avec l’informatique nous pouvons bénéficier des services qu’offrent les grandes villes dans beaucoup de domaines, tout en restant dans nos territoires. Ceci ne fonctionne pas pour tous les métiers, toutes les activités, mais permet de développer les territoires et d’éviter de se concentrer dans les villes.

On sera surpris de voir qu’un auteur, homme politique, cite des marques déjà envahissantes dans ce livre. C’est même assez déplaisant d’y retrouver les noms de groupes commerciaux qui n’ont que faire des provinciaux sauf à s’occuper de leur porte-monnaie et surtout de leur carte de paiement en ligne ! Aurait-il perçu des royalties ? En serait-il actionnaire ? Membre de leur conseil d’administration ?

C’est assez choquant !

On atteint le délire quant l’auteur laisse à croire que la livraison à domicile peut être faite dans un petit village de champagne : « Les métiers et les produits qui étaient disponibles en 1914 dans le petit village de Champagne de Fernand Braudel, dans l’est de la France, vont à nouveau être disponibles dans le même village mais avec une gamme de choix bien plus vaste. On y trouvait « le menuisier, le forgeron, le bourrelier, le boulanger, le charron, le meunier, l’aubergiste et deux épiciers (…) et c’était sans compter les marchands de passage et les artisans ambulants » Tout était (presque) disponible. Et, dans le bourg le plus proche, au-delà des commerces traditionnels, on trouvait une banque, un bureau de poste, le guichet des perceptions, un cinéma, une gare et un hôtel pour les voyageurs. »

Et là arrive les noms des sites marchands !

Déjà, qu’on se sente obligé de nous préciser que la Champagne est dans l’est de la France, c’est assez dur à lire !

Ensuite de quel « petit » village parle-t-on ? en 1914, un village de 500 habitants pour le moins !

Quid donc de nos « petits » villages d’une centaine d’habitants de nos jours en Haute-Saône, en Haute-Marne (la Champagne… dans l’est de la France…) ?

L’auteur aurait-il oublié que ces villages dans les années 1950 jusqu’à récemment étaient démarchés par les gros catalogues de Manufrance ? par les gros catalogues où l’on trouvaient TOUT ce dont on pouvait avoir besoin en matière de marchandises, hormis la nourriture, j’ai nommé Les 3 Suisses et La Redoute ?

Nous n’avions alors nul besoin de l’informatique ! une enveloppe et un timbre à un prix dérisoire suffisait alors.

 

Puis arrive l’éloge de l’E-cinéma ! Mais ne va-t-on pas au cinéma justement pour « sortir » ? mais on pourrait « sortir » pour voir autres choses que des films dans les salles obscures : des spectacles, des visites virtuels de musées, du cirque ?

« Ce qui est vrai pour le spectacle vivant le devient aussi pour les musées. Si rien ne vaut la visite d’un musée et l’observation réelle d’une œuvre d’art, l’initiative « Universal Museum of Art », lancée par deux jeunes entrepreneurs français en 2017, ouvre un nouveau champ. » (the-uma.org) « Leur slogan est : « accessible partout, tout le temps, gratuitement ». En organisant des événements culturels en réalité virtuelle, UMA permet à chacun d’accéder à des expositions inédites, réunissant des œuvres dispersées aux quatre coins du monde, dont la découverte est enrichie d’explications sur leur histoire et leurs caractéristiques »…..

« Cette digression sur le cinéma et sur le spectacle vivant, au même titre que les exemples que je citais au début de ce chapitre, montre bien que toute l’organisation de notre espace, celle des villes et de nos bassins de vie, a été jusqu’à présent conçue pour nous diriger vers des guichets, des magasins, des espaces de loisirs, des entreprises, des salles de cinéma ou des bureaux. Tout justifiait que tout soit concentré dans le même espace. Plus nous étions concentrés, plus les services étaient riches et accessibles. L’innovation nous ouvre les portes d’un écosystème totalement différent. Quasiment inversé. Ce nouvel écosystème s’organise pour que les mêmes guichets, les mêmes magasins, les mêmes salles de spectacles ou les mêmes bureaux, aillent au-devant de nous, quel que soit l’endroit où nous nous trouvons. Il remet en cause les notions de temps et d’espace. Et par conséquent, le critère de « masse critique » qui justifiait la concentration urbaine n’est clairement plus avéré. »

 

« sortir » virtuellement au musée, c’est aussi pouvoir avoir accès à la culture là où nous voulons vivre dans une grande ville ou dans un hameau… à condition d’être connecté et d’avoir du réseau…

 

 

 

S’en suit quelques pages sur les valeurs de l’espace de travail partagé, bureau partagé, coworking, qui semble être la solution pour avoir un bureau sans se ruiner, pour pouvoir travailler dans un lieu bien équipé quand on est souvent en déplacement, et qui permet aussi de coupler une activité de télétravail sans être coupé du monde en restant à la maison.

Faut-il encore exercer une profession qui le permette !

 

Page 78 L’accès au commerce n’implique plus de vivre tous au même endroit.

Les grands groupes sont déjà prêts ou vont l’être rapidement. Et si… le consommateur changeait d’optique ? quel bonheur !!!

« Les commerçants comme les opérateurs de la grande distribution comprennent que les modèles traditionnels de commerce de centre-ville, d’hypermarchés ou de centres commerciaux sont condamnés à se transformer radicalement, voire à disparaître pour ceux d’entre eux qui ne réagiront pas. Car la dynamique du commerce en ligne ne cesse de s’amplifier : déjà plus de 13% de croissance au cours des trois premiers mois de l’année 2018. »

 

Mais ça, c’était avant, avant qu’un vent de manifestation ne souffle sur la France ! C’était avant le 17 novembre 2018. Avant aussi la prise de conscience de milliers de personnes sur les risques du réchauffement climatique, sur les risques de la surconsommation effrénée…

Quid début 2020 après plus d’un an de manifestations gilets jaunes et de grève, de multiplication de groupes « zéro déchets » sur les réseaux sociaux, de mobilisation pour la planète ? Fin du mois, fin du monde, même combat !

 

« Quoi qu’il en soit, les hypermarchés ou les centres commerciaux auront du mal à rivaliser ; car le trajet en voiture, les embouteillages, les kilomètres de déambulation à travers les rayons, les limites de l’offre de produits disponibles, l’attente en caisse et le poids des paquets n’ont plus beaucoup d’arguments par rapport aux quelques clics nécessaires pour atteindre un meilleur résultat. »


« 72% des Millenials craignent une déshumanisation à cause du commerce en ligne et de l’intelligence artificielle. »

Les Millenials… ?  il s’agit de la population née entre 1980 et 2000 ; également désignée par les sociologues comme la Génération Y.

 

Voulons nous vraiment de ce monde là ?

« Autre exemple emblématique, partout dans le monde, les « apple stores » se transforment en « Apple town squares ». Ce sont des espaces où on ne vend plus d’ordinateurs –ils s’achètent directement sur le Apple.Com-, mais où la marque vous accueille, vous conseille, anime des ateliers, organise des évènements et vous fait rencontrer des spécialités pour mieux « vivre » avec le potentiel de votre ordinateur. »

 

Passons sur la publicité à bon compte faite par M. Fromantin (c’est payé ???)…

Tout ceci est bien joli et reste bien virtuel vu comme souvent d’un bureau et d’une chaise tournante avec accoudoir (acheté en ligne ?). La machine serait maitresse de tous nos faits et gestes ? Ne s’agit-il pas d’un lavage de cerveau pur et simple ?

 

Quid du boulanger du coin de la rue, de la femme de ménage, de l’aide à domicile ou de la sage-femme, de l’urgentiste, du livreur, des artisans plombiers, couvreurs, maçons, restaurateurs du restaurant à l’œuvre d’art ? Et de tant d’autres qui ne « vivent pas », ne travaillent pas en tapant juste sur un clavier ?

 

Oui, à un moment, on a l’impression de lire l’éloge du tout virtuel qui pourrait sauver nos campagnes !

« Plutôt que de recréer une nature artificielle en ville, allons à la rencontre de la vraie nature. »

 

Page 101 – 102  « L’avenir se construit dans une économie redistribuée… »

Et hop, encore une petite pub, cette fois-ci c’est pour un journal.

« Le magazine L’Express, dans un hors-série récent « Quitter Paris », pointe également  cette tendance de plus en plus significative qui vise à rechercher de nouveaux équilibres de vie. Comme le révèle le magazine, le mouvement qui s’opère est particulièrement intéressant ; il montre que ce sont dorénavant non plus les grandes métropoles de province, mais des villes à taille humaine, voir les villes moyennes qui suscitent le plus l’intérêt des Français. Ils y voient une synthèse positive entre la qualité du système éducatif, l’offre de soin, l’accès à l’immobilier et la sécurité. Il montre également la diversité et l’originalité des initiatives entrepreneuriales qui éclosent dans ces villes. C’est ainsi que des villes comme Angers, Poitiers, Dijon ou Clermont-Ferrand, se retrouvent en tête de classement. Mais d’autres Français vont encore plus loin ; ils sont à la recherche des « slow cities », ces villes lentes qui offrent des mobilités douces, une véritable quiétude et des conditions de vie en rupture avec les codes métropolitains d’optimisation et d’accélération permanente ».

 

Page 107

« Nos voitures, nos téléphones, nos ordinateurs, nos meubles ou nos vêtements font le tour du monde avant d’être utilisés. »

En voilà un de beau sujet de philosophie !

N’y a-t-il plus d’artisans en France ? plus de savoir-faire ?

 

Chapitre 9

« à trop éloigner les individus de la terre, on risque de mettre également « hors-sol » leurs relations sociales »

 

Page 137 A trop éloigner les individus de la terre…

« L’exclusion sociale, en particulier celle des jeunes, constitue également une des grandes problématiques contemporaines dont on observe malheureusement qu’elle prospère (trop) rapidement. Dans la zone OCDE, 15% des jeunes entre quinze ans et vingt-neuf ans, sont sans emplois et sortis du système éducatif. Ce chiffre particulièrement inquiétant témoigne d’un autre paradoxe qui laisse à penser que l’économie numérique devrait être une solution à l’insertion des jeunes dans la société alors que son évolution montre plutôt l’inverse. Elle le sera pour quelques-uns, mais nombreux seront ceux qui n’en bénéficieront pas, et qui paieront cher l’impact de cette transformation si nous n’agissons pas.

 

Page 144

« La métropolisation correspond à cet impératif de gestion, car concentrer les personnes sur un espace restreint permet d’optimiser la distribution des aides sociales. Mais, en allant dans ce sens, nous faisons fausse route, et je crains que cela nous entraîne dans une autre spirale : l’abandon des territoires ruraux et des villes moyennes nous prive des espaces de projets économiques et sociaux ; la métropolisation d’une part croissante de la population aggrave les phénomènes de précarité, de chômage et d’isolement ; la concentration urbaine renforce le risque d’individualisme et la dépendance aux aides sociales… »

« Les villages n’ont pas besoin de la Fête des Voisins pour s’entraider ; les cultures qu’ils véhicules sont le ferment du lien social. Si l’isolement est un des fléaux de notre époque, il n’est pas difficile de comprendre qu’il puise ses racines dans l’anonymat des villes. »

« Soyons lucides. De nombreux interlocuteurs ont déjà disparu de notre quotidien ou sont en voie de disparition : le banquier, l’agent de impôts, l’épicier, l’ouvreuse de cinéma, l’agent de voyages ou le libraire sont parmi ceux qui sont de plus en plus remplacés par des plates-formes de vente en ligne, par des services automatisés, par des serveurs vocaux intelligents, par des robots ou par des algorithmes. Demain, ce sont les caissières d’hypermarché, les livreurs ou les chauffeurs de taxi qui pourraient à leur tour disparaître de notre environnement quotidien. Et il est probable que, lorsque nous leur raconterons la tournée d’un facteur ou les échanges avec notre coiffeur, les générations à venir nous écouterons avec amusement. Car il est évident que le mouvement va s’amplifier et que d’autres interlocuteurs disparaîtront progressivement du spectre de nos relations régulières. L’emballement financier autour des nouvelles technologies et les accélérations foudroyantes liées  la convergence des innovations nous y conduisent. C’est à nous qu’il appartient d’en maîtriser les effets. C’est notre projet de société, s’il existe, qui fera la différence en termes de progrès social. »

 

Page 147

« Soyons lucides. De nombreux interlocuteurs ont déjà disparu de notre quotidien ou sont en voie de disparition : le banquier, l’agent des impôts, l’épicier, l’ouvreuse de cinéma, l’agent de voyages ou le libraire sont parmi ceux qui sont de plus en plus remplacés par des plates-formes de vente en ligne, par des services automatisés, par des serveurs vocaux intelligents, par des robots ou par des algorithmes. Demain, ce sont les caissières d’hypermarché, les livreurs ou les chauffeurs de taxi qui pourraient à leur tour disparaître de notre environnement quotidien. Et il est probable que, lorsque nous leur raconterons la tournée d’un facteur ou les échanges avec notre coiffeur, les générations à venir nous écouterons avec amusement. Car il est évident que le mouvement va s’amplifier et que d’autres interlocuteurs disparaîtront progressivement du spectre de nos relations régulières. L’emballement financier autour des nouvelles technologies et les accélérations foudroyantes liées à la convergence des innovations nous y conduisent. C’est à nous qu’il appartient d’en maîtriser les effets. C’est notre projet de société, s’il existe, qui fera la différence en termes de progrès social.

 

Page 165 Permettre à chacun de vivre là où il le souhaite…

« L’abandon des territoires est la principale cause de ces centaines de démissions. Les maires sont les mieux placés pour percevoir l’absence d’ambition de l’État vis-à-vis de leurs territoires. La doxa métropolitaine, combinée à la fascination des élites pour les technologies, et à la financiarisation de l’économie, a profondément disqualifié, voir ringardisé la ruralité, les villes moyennes et les villages. Il est « tendance » de se comparer à Shanghai, New York ou Berlin, et d’imaginer l’avenir autour de quelques métropoles dont les performances démographiques refléteraient le potentiel de croissance pour le pays. Cette vision est non seulement obsolète et dangereuse, mais elle ne correspond plus à l’aspiration profonde des populations. C’est la raison pour laquelle les réactions des maires témoignent d’un dérèglement politique profond. »

 

Doxa : Ensemble des opinions communes aux membres d'une société et qui sont relatives à un comportement social. (Larousse)

 

Page 166

« Ne laissons pas les opportunistes, ni les affairistes, ni les technologies prospérer dans les angles morts de la politique. Ne les laissons pas prendre la place des tyrans que dénonçait Étienne de La Boétie au XVIe siècle. Ne laissons pas de nouvelles tyrannies prospérer face à notre absence de vision. Ne soyons pas, nous les premiers, par facilité, par égoïsme ou par confort, les complices d’une situation de dépendance. L’univers des technologies et tous ses acteurs –ceux qui maîtrisent les algorithmes, ceux qui travaillent sur l’informatique quantique par laquelle émergea la toute-puissance de l’intelligence artificielle, ceux qui construisent des bases de données capables de décrypter jusqu’à l’intimité de notre vie, ceux qui en font des outils prédictifs pour anticiper nos besoins et nos décisions, et tous les autres, dont la connaissance et les innovations peuvent nous être très utiles -n’engendreront une nouvelle forme de tyrannie que si nous les laissons pénétrer dans nos vies en renonçant à leur donner un sens. Dans ce cas, nous abandonnerions les technologies à leur propre sort, nous renoncerions à ce qu’elles peuvent nous apporter de réellement positif et il probable que le bien commun en souffrirait, au-delà de ce que l’on peut imaginer. C’est ce que La Boétie appelait très justement la « dénaturation de l’homme » et qui advient dès lors qu’il renonce. Ce discernement est un enjeu de liberté. C’est en cela qu’il est aussi un enjeu politique qui nous concerne tous. »

 

Page 180

Dans un article de La Tribune, le consultant Olivier Liuansi dresse un diagnostic très juste et sans appel de l’utilité stratégique des villes moyennes :

« Les conséquences d’une dégradation de la situation économique des villes moyennes et intermédiaires seraient terribles. Passé un certain seuil de destruction d’activités industrielles et commerciales, la crise des centres-villes et de leur périphérie s’auto-entretiendrait selon le schéma suivant : chute de la démographie, vacances des logements, hausse de chômage, augmentation du taux de pauvreté, chute du prix de l’immobilier et dégradation du patrimoine privé. »

 

Page 183-185

Un livre écrit par un homme politique français mais qui parle un charabia d’anglicisme… les hub, les hinterlands, et autres co-working, blockchain, I.C.O. Initial Coin Offering

 

 

Travailler là où nous voulons vivre, vers une géographie du progrés de Jean-Christophe Fromantin

Éditions François Bourdin, 2018

prix neuf 18.€

Imprimé en France par CPI en septembre 2018

Couverture et mise en page Julie Bloemhof

provient d'un désherbage…

 

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