De Eve Lavallière à Jeannie Luxeuil - des destins communs

Publié le par am phot'saone

Ève Lavallière
Ève Lavallière

Nombres d'actrices ont marqué leur époque, d'autres célèbres en leur temps ont été quasiment oubliées. Pourquoi ? Parfois, parce que, à un moment de leur carrière, elles ont choisis de se retirer d'un monde de paillettes et d'hypocrisie qui, sans doute dès le départ n'était pas le leur. Elles avaient à l'origine quitté leur province qu'elles trouvaient certainement ennuyeuses, rêvant d'une autre vie, d'amour, de passion. Avaient-elles au préalable eu l'occasion de lire des romans ou déjà de voir un film au cinéma....muet...?

Il faudrait se replonger dans leur biographie pour le savoir, enfin, pour celles pour lesquelles une biographie existe.

Eve LAVALLIERE:
Ève LAVALLIERE, ce nom dira peut-être quelque chose à certains lecteurs, rares à mon avis. Pourtant Ève Lavallière fut une comédienne célèbre à son époque. Née Eugénie Marie Pascaline Fénoglio à TOULON, le 1er avril 1866 (qui était jour de Pâques), fut la vedette du Théatre des Variétés à PARIS. Ses parents Louis-Émile Fénoglio, tailleur d'origine Napolitaine et de Albanie-Marie Audenet née à Perpignan, avaient déjà un garçon, et sa venue n'était pas désirée. Elle est donc placée chez des braves gens assez frustes, puis inscrite dans une école privée de bonne notoriété. Le 16 mars 1884 son père, lors d’une dispute en présence de Ève, tue sa mère de 2 coups de revolver et se donne la mort.
Après quelques péripéties familiales à Toulon, Nice avec ses différents tuteurs, elle se retrouve dans une troupe ambulante sous le nom de Éveline Lavalette: ce sont ses débuts sur scène de Music-hall et de Théatre. Rêvant de Paris, elle s’y retrouve en 1889 et commence des cours de danse. Duraulens la remarque et la fait travailler: il sait déjà qu'elle a du talent ; Durauleus la présente au directeur des Variétés, M. Bertrand. Dès les premiers essais Ève est embauchée. Elle tiendra un rôle de figuration dans « La belle Hélène ». Mlle CROUZET qui tenait le rôle d'Oreste meurt subitement et c'est Ève qui reprend le rôle, a 25 ans. Sa voix est d’une gamme très étendue, d'intonations inédites. Une voix capable de monter et descendre. Son aisance en scène était extraordinaire. Capable de douceur et de violence, de crédulité, de perversion ou de candeur elle vit ses personnages comme nul autre. Gaité, fraîcheur, tendresse... c'est Eve.
Elle sera Mitzy au côté d’Albert Brasseur dans "Le Sire de Vergy". Les plus grandes réalisations des années 1900 voient sa participation: Barbe-Bleu, Le petit duc, La fille de madame Angot, la vie Parisienne, L'oeil crevé, Miss Helyette, Le sire de Vergy, La chauve-souris, Paris-bohème, Le bonheur mesdames, Miquette et sa mère, Ma tante d'Honfleur, L’oiseau blessé, L’habit vert, et presque toujours aux premiers rôles. Ève reçoit des cadeaux somptueux d'admirateurs puissants.
 
Comoedia illustré, Ève Lavallière
Comoedia illustré, Ève Lavallière

Dans une interview elle répondra: "Si je suis heureuse, Du moins, je ne me plains pas. Oh ! si l'on m'offrait de recommencer toute ma vie telle qu'elle fut, je refuserais avec horreur. Mais replacée dans les nécessités ou j'étais, il est bien évident que je choisirais encore ma carrière comme seule issue."

A la "belle Époque" de 1890 à 1910, elle fut donc une artiste de théâtre parmi les plus renommées, particulièrement au Théâtre des Variétés à Paris. Sa renommée était semblable à celle de Sarah Bernhardt ou plus tard de Mistinguett. Célèbre comédienne dont la réputation n'était plus à faire puisque le roi d'Angleterre Édouard VII retardera un voyage officiel pour venir l'admirer au Théâtre.

C'est à la suite de la dernière représentation de Carmenitta au théâtre Michel à Paris, en 1917, qu’Ève, malade, ne paraîtra plus jamais en scène. Elle cherche du repos en Touraine, à Chanceaux sur Choisille, près de Tours. Avec l'aide de l'Abbé Chasteignier de Chanceaux, Ève pu préparer son retour à Dieu et se convertira et communiera le 19 juin 1917.
Ève Lavallière venait régulièrement à VITTEL (Vosges) avec son mari Fernand Louvreau (dit SAMUEL), directeur du Théâtre des Variétés. Ils acquièrent un château à SAINT BASLEMONT dont Ève sera héritière avec sa fille Jacqueline Louvreau. Ève Lavallière a terminé sa vie dans le dénouement le plus total, d'une part dépossédée de ses biens par sa fille, mais aussi par son désir de pauvreté et les dons qu'elle fit aux œuvres notamment en Tunisie, et rendue malade également par cette fille travestie et droguée. Sa dernière résidence sera une petite maison à THUILLIERES (Vosges) nommée Béthanie.
La vie de comédienne plutôt dissolue (l'on peut même parler de passé sulfureux) qu'Ève aura eue lui interdira l'entrée au couvent comme elle l'aurait tant souhaité. Elle mettra toutes ses dernières forces dans la prière afin de trouver la paix dans son cœur et dans son âme torturés par les souvenirs de son passé, des scènes de théâtre qui lui reviennent en mémoire, des rôles dont elle a honte (déguisement en homme ou costume léger notamment), la honte et la culpabilité qu'elle porte sur ses épaules pour la conduite peu recommandable de sa fille unique.
Tombe d'Eve Lavallière à Thillières - image Lefebvre Utile - biscuiterie
Tombe d'Eve Lavallière à Thillières - image Lefebvre Utile - biscuiterie
Tombe d'Eve Lavallière à Thillières - image Lefebvre Utile - biscuiterie

Tombe d'Eve Lavallière à Thillières - image Lefebvre Utile - biscuiterie

Sa vie a fait l'objet de plusieurs ouvrages, il est donc assez facile de prendre connaissance de ce destin hors du commun. Ève Lavallière est également l'auteur d'un ouvrage "Ma Conversion" et d'un Recueil Spirituel. Aucun film ni pièce ne semble relaté la vie d'Ève Lavallière. Seule une pièce a été écrite tout récemment par l'un de ses admirateurs. Ainsi quelques heureux spectateurs ont pu, cet été 2009, assister aux représentations de la pièce "Ainsi soit Ève" adaptée et mise en scène par Christophe Maniguet, et interprétée par la Troupe Théâtrale des Hauts de Saône
Dans le petit village de THUILLIERES où est enterrée Mme Lavallière, décédée le 10 juillet 1929, se trouve un petit musée qui lui est dédié.
 
 
 Prière de Ève Lavalliére
"O mon Maître aimé, par vos mains attachées à la Croix, je vous supplie d'effacer tous les péchés commis par mes mains criminelles. Mon doux Jésus, par la douloureuse fatigue qu'ont endurée sur la terre vos pieds bénis, par la divine blessure qu'ils ont soufferte lorsqu'ils furent percés, effacez toutes les immondices de mes pieds coupables. Enfin, ô mon Maître, ô mon Créateur, ô mon Sauveur, ô Jésus, par la dignité et l'innocence de votre vie, par la sainteté et la pureté qui en est le caractère, lavez toutes les souillures de ma vie impure, «de mon fumier». Qu'elle ne soit plus en moi cette abominable vie, que l'ardeur de Votre amour l'attire tout entière, car Vous êtes, ô mon Roi, l'unique refuge de mon âme ; ô donnez-moi de me consumer sans fin dans les ardeurs de votre charité. Donnez-moi, ô mon Rédempteur, surtout la sainte humilité"
Ève Lavallière (Sœur Ève-Marie du Cœur de Jésus, 1866-1929) 
 
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