le pèlerin russe sur mon passage

Publié le par am lectrice

Le manuscrit de ces récits anonymes est signalé pour la première fois vers 1860, entre les mains d’une moniale, fille spirituelle du starets d’Ambroise d’Optina.

 

Le sujet est le parcours d’un homme, un pèlerin, qui rencontre d’autres voyageurs avec qui il échange au sujet de la religion, de leurs croyances, de leur foi.

 

La médiathèque à laquelle il a été donné m’a dit ne pas le garder car il était en mauvais état (ou sale, je ne sais plus trop). Il n’y a pourtant qu’un léger jaunissement en haut de la couverture. Sans cela, je ne l’aurais sans doute jamais lu.

 

Toutefois, c’est un livre sur la religion orthodoxe, sans doute a-t-il été décidé que sa place n’était pas dans une médiathèque française.

le pèlerin russe sur mon passage

J’ai lu jusqu’au bout, même si je perdais le fil et beaucoup de mon attention. C’est un livre à lire moins rapidement que je ne l’ai fait. Malgré tout, j’y ai trouvé quelque apaisement dont j’ai besoin. J’ai toujours pensé que les livres que je trouvais au hasard de mes promenades n’étaient pas là… par hasard justement. Certains passages méritent qu’on s’y attarde, qu’on s’attarde sur notre relation à la foi, sur notre vie, et notre parcours.

Je ne connaissais pas ce mot de « starets ».Mais si j’avais lu Dostoïevski je ne pourrais pas le dire. Il met en scène le starets Zossima, dans Les Frères Karamazov.

Un starets, stariets ou staretz (du russe : masc. стáрец, fém. стáрицa – « staritsa », signifiant « vieillard » ), est le patriarche d'un monastère orthodoxe russe, où il est à la fois conseiller et enseignant.

 

Idem pour la philocalie…

 

Ce livre a fait l’objet d’une mise en bande dessinée, sur des scénarios & dessin de Gaëtan EVRARD

(Éditions Coccinelle - Cartonné 48 pages couleurs - ISBN : 2-930273-15-1)

http://www.coccinellebd.be/catalogue/produit.php?ref=LePelerinRusse&id_rubrique=1#

page 81

« Saint Grégoire le Sinaïte nous enseigne : « Sachez ceci, que nul ne peut par lui-même maîtriser son esprit et dès lors, quand des mauvaises pensées surgissent, invoquez le nom de Jésus souvent et à intervalles fréquents, et les pensées s’apaiseront. » Quelle méthode simple et facile ! Pourtant elle est vérifiée par l’expérience. Quel contraste avec les conseils de la raison théorique, qui s’efforce avec présomption d’atteindre à la pureté de ses propres efforts. »

 

Page 89, je rencontre un mot étrange, abstrus.

Voici ce qu’en dit le Littré : SYNONYME. ABSTRUS, ABSTRAIT. Une chose abstruse est une chose qu'on ne peut comprendre que par une suite de raisonnements, et qu'à force d'efforts ; une chose abstraite n'est malaisée à comprendre qu'à cause de la généralité qui y est inhérente.

Peut-être l’ai-je rencontré durant mes études, puisque Montaigne en use :

XVIe s.

Des moyens si estranges [singeries des sorciers] semblent venir de quelque abstruse science, [Montaigne, I, 96]

L'anatomie de la philosophie en laquelle les plus abstruses parties de notre nature se pénètrent, [Montaigne, I, 169]

Le pèlerin se demande comment on peut prier sans cesse alors qu’on est préoccupé par ses affaires courantes, son travail.

« Le moine : …. Ceux qui ont fait des progrès et atteint une certaine stabilité mentale peuvent s’exercer à méditer ou à écrire dans la présence ininterrompue de Dieu. Voici une image qui vous éclairera : supposez qu’un monarque sévère et exigeant vous ordonne de composer un traité sur quelque sujet abstrus, en sa présence, au pied de son trône. Bien que vous puissiez être tout à fait occupé par votre travail, la présence du roi qui a puissance sur vous et qui tient votre vie entre ses mains ne vous permettra pas d’oublier un seul instant que vous pensez, que vous réfléchissez et que vous écrivez non dans la solitude, mais dans un lieu qui exige de vous une attention et un respect particuliers. Cette conscience de la proximité du roi exprime très clairement la possibilité de s’adonner à la prière intérieure perpétuelle même pendant un travail intellectuel. »

 

Page 92 le moine :

« Ces censeurs me font penser à des enfants à qui l’on apprenait l’alphabet et la lecture. Quand ils en furent fatigués, ils s’écrièrent : « Ne vaudrait-il pas cent fois mieux aller à la pêche, comme papa, plutôt que de passer toute la journée à répéter incessamment a, b, c, ou à griffonner sur un morceau de papier avec une plume ? ». L’utilité de savoir lire et les lumières qui en résultent et qui ne pouvaient être que le fruit de cette pénible étude des lettres apprises par cœur, leur étaient un secret voilé. De même, l’invocation simple et fréquente du nom divin est un secret voilé pour ces gens qui ne sont pas persuadés de ses résultats et de sa très grande valeur. »

 

Page 98, le moine explique divers motifs et raisons de prier sans cesse et souvent.

« Prie d’une façon ou d’une autre, mais prie toujours et ne te laisse détourner par rien. Sois gai et calme. La prière arrangera tout et t’instruira. »

ALAUX Jean-Pierre l'Alphabet

ALAUX Jean-Pierre l'Alphabet

Le pèlerin russe – Trois récits inédits.

Éditions Points – Sagesse – collection « spiritualité orientale » Abbaye de Bellefontaine (Maine-et-Loire)  – 1976

Traduit du russe par une équipe. Introduction par Olivier Clément.

Illustration « le saint pèlerin Séraphin de Sarov marchant dans la forêt » peinture anonyme russe (vers 1930). Coll.part/archives Charmet/The Bridgeman Art Library.

 

Neuf : 4.95€ - 

On peut lire ce livre en ligne en 2017, traduit par Jean Gauvain, où l’on voit que le texte est un peu différent.

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