Le coin du voile - et si... c'était vrai ?

Publié le par phot'saône

Le coin du voile - et si... c'était vrai ?

quel autre moment que Noël pour reproduire mes notes sur ce livre de Laurence Cossé ?

Enquête sur fond de secret par trop catholique et dont la révélation bouleverserait trop d’acquis, d’acquisition, de pouvoir en place, et de place à garder…  Un sujet bien accrocheur comme le roman ténébreux d’Eco, Le nom de la rose, ou celui tourisme à Paris, le Da Vinci Code  de Dan Brown. Dans ce genre, ma préférence va aux excellents romans fictions de Romain Sardou.

Le coin du voile, lui, n’aura pas eu autant de succès, ou alors je dormais à sa sortie. Le fait est, puisque qu’il est précisé que Béatrix Beck a écrit qu'avec Le Coin du voile, Laurence Cossé a « créé un genre nouveau, la religion-fiction ».

 

Comme je prends deux ans après le temps de sortir ce livre de ma pile « livres lus » et de recopier ici les quelques passages qui m’ont accrochés au passage, je ne saurais trop être fiable sur mon ressenti.

Toutefois, si j’ai pris tant de temps, c’est que je n’ai pas souhaité m’en débarrasser rapidement et donc, c’est plutôt positif.

 

L’histoire…

Bertrand, membre d’une congrégation religieuse, chargé du courrier, reçoit une étrange enveloppe contenant un non moins étrange document manuscrit révélant de façon irréfutable la preuve de l’existence de Dieu.

À qui confier cette nouvelle ? En qui faire confiance pour le croire ? et qu’en faire ?

Vaste sujet à réflexion !

 

Page 33 – et si… tout changeait ? oui, mais il faut bien manger…

Avec le recul, et surtout celui des événements de 2018-2019, où j’ai découvert le film de L’An 01(*), cette phrase repérée en 2017, prends d’un coup une tonalité nouvelle.

« Il n’y avait pas de souffrance qui ne fût soufferte en Dieu. Rien n’était sans Lui, rien n’était souffert qu’Il ne souffrit. Dans quelques heures, plus personne ne serait seul. Chacun vivrait dans la jubilation de la connaissance, et la joie de savoir sa vie intime à Dieu et Dieu intime à sa vie.

Sans doute, un temps, tout s’interromprait. On n’irait plus à son bureau. On enverrait les enfants à l’école, mais les enfants s’arrêteraient en route, happés par de grands cercles d’orateurs en larmes.

On parlerait sur les trottoirs, dans le métro, à l’entrée des églises. Ah, les prêtres ne sauraient plus où donner de la tête ! On parlerait des heures sous la pluie. On parlerait entre voisins qui s’étaient toujours regardés de travers. Les époux séparés depuis dix ans s’appelleraient au téléphone, de très loin.

La poste resterait fermée. Il y aurait un écriteau sur la grille : « Alléluia ». Au contraire les musées ne fermeraient plus, ni le métro, ni les jardins publics. Les préposés ne sauraient plus où étaient allés valser leurs casquettes.

On aurait l’impression, plusieurs jours, d’une espèce de grève, d’ivresse générale.

Les boulangers ramèneraient le monde à la raison. « On travaille, nous autres. Vous avez faim, on fait le pain. Mais nos réserves de farine sont presque épuisées. Redescendez sur terre ! Reprenez chacun votre place. »

Alors les choses rentreraient dans l’ordre, dans ce qui semblait auparavant le désordre de la création, et qui apparaîtrait enfin clair et beau. Beaucoup ne changeraient pas leur vie. Beaucoup la changeraient. Rien ne serait plus comme avant, mais rien de ce qui qui est ne disparaîtrait. L’homme se connaîtrait vraiment libre. »

 

Page 60

« Il y avait trois noms sur la boîte aux lettres, dont, écrit à la main, M. Mauduit. Bertrand appuya sur la sonnette, en regard. Il s'était mis à pleuviner »

De l’ancien français ploviner, nous avons tous un petit mot pour décrire ce crachin qui nous  tombe dessus et qui donne envie de rester au chaud : pleuvasser, pleuvioter, pleuvoter, pluviner, pluvioter…

la nature nous fait part ainsi de sa tristesse…

 

et puis voici la lampe-bouillotte posée sur le bureau.

Mais qu’est-ce donc qu’une lampe-bouillotte ???

C’est sur un site de mobilier que je trouve l’explication : Le site : https://www.meubliz.com/definition/lampe_bouillotte/

La lampe bouillotte est un petit éclairage mobile monté sur fût à base ronde et possédant plusieurs lumières. Un abat-jour réglable couvre le dessus pour éviter d'éblouir l'utilisateur.

Cette lampe était posée à l'origine sur la petite table bouillotte, dont elle a pris le nom.

Ce bel objet décoratif est encore très recherché pour l'éclairage d'un bureau ou pour être posé sur un guéridon de salon.

La lampe bouillotte date de la fin du XVIIIe siècle, à l'époque de Louis XVI. Le XIXe siècle en a produit de nombreuses.

Voilà,… plus qu’à partir à la recherche de la petite table bouillotte.

Et voici un élément de réponse sur ce blog : Et aussi sur ce blog : http://maison-du-jour.over-blog.com/article-le-bel-atout-des-amateurs-de-bouillotte-81997580.html

Le coin du voile - et si... c'était vrai ?

Page 145 – la preuve de l’existence de Dieu bouleverserait-t-elle la perception du monde ? Dans quelle proportion ? La planète entière est-elle concernée ?

La croyance en Dieu n’est-t-elle pas juste une affaire humaine ? D’où nous vient ce besoin de croire à un être supérieur, si ce n’est de paroles d’autres hommes ?

Où un roman peut donner sujet à réflexion… ou pas.

Hypothèse envisagée dans ce livre : la décroissance !!   dites-donc ! Rien que ça ! vivement qu’on trouve la preuve, alors…

« Nous prenons tout notre temps pour lui »… croyez vous que cela soit possible ? Y a-t-il encore assez de croyants pour en arriver là ?

Ouh là !!! les sphères gouvernantes de tout bord ne font certainement pas laisser faire ça ! ça cogite dans les Ministères, ça réunionnite en secret.

 

« Je vous propose deux projections, commença-t-il, lugubre. L’une à six mois-un an, l’autre à cinq ans. Dans six mois, dans un an, il faut imaginer la France comme un grand monastère. Tout ce qui fait aujourd’hui le ressort des sociétés libérales avancées, l’esprit d’entreprise, la quête de l’enrichissement, le goût de l’efficacité, le sens du travail –je vais vite, d’autres pourraient dire : le chacun pour soi, l’activisme, l’avidité mimétique, l’argent-phare-, à l’annonce que preuve est faite de l’existence de Dieu, tout cela va paraître à nos concitoyens sans plus d’importance. Dieu se fait certain au milieu de nous : comment réagissons-nous ? Nous prenons tout notre temps pour Lui. Nous cessons presque de travailler. Nous gagnons beaucoup moins d’argent, mais que nous importe ? Nous n’avons plus envie de changer d’appartement, de partir en vacances, d’envoyer nos enfants dans les business schools américaines. Nous ne courons plus après l’argent. Si nous travaillons, c’est juste ce qu’il faut pour manger et pour être vêtus, pour avoir un toit. Le plus clair de notre temps, nous méditons, nous prions. Nous étudions les Écritures. Nous aidons l’indigent, nous entourons l’esseulé. Nous regardons la nature. Nous avons l’impression d’ouvrir les yeux pour la première fois. Nous respirons.

« Évidemment, les entreprises privées comme les services publics sont vite désorganisés. La production s’effondre. Le premier effet de la preuve de l’existence de Dieu sur la société dans son ensemble est une crise économique sans précédent.

« Au regard des indices aujourd’hui en vigueur, le pays décline très vite. Sans doute, les autres pays déclinent aussi, mais non pas tous. »


« Quid des régions du globe non chrétiennes ? Continuait Beloeil. Des peuples qui refusent notre Dieu, ou même le combattent ? Dieu seul le sait, c’est le cas de le dire. De deux choses l’une. Ou bien Dieu intervient et les convainc eux aussi. Ou Il n’intervient pas, et la tentation est grande pour les ennemis du vieux monde chrétien de profiter de sa désorganisation  pour tenter de se le soumettre.

« Je reviendrai dans ma seconde projection sur cette vulnérabilité de la France et des autres pays chrétiens : de leur faiblesse pourrait venir en effet le sursaut qui leur permettrait, tout de même, de s’organiser pour survivre.

« Mais restons encore un peu de temps dans le court terme. Quel va être l’effet de la preuve sur nos institutions ? Qu’est-ce qu’un gouvernement, qu’est-ce qu’une loi, qu’est-ce qu’un tribunal pour une société d’orants ? Qu’est-ce que l’armée ? Le patronat ? Le… »

Les trois ministres encore sous le choc n’écoutaient plus.

Il y a de quoi !

 

Page 216, autre hypothèse…

« Il y avait plus grave. À partir du moment où Dieu était sûr, aux deux sens du terme, certain et absolument digne de confiance, et où de plus il était sûr pour tous, l’homme devenait effroyablement libre. Mgr Velter ne s’illusionnait pas. Si l’homme était resté bon an mal an moral, jusqu’en cette fin du deuxième millénaire, c’était pour deux raisons. Soit il ne croyait pas en Dieu, et il se sentait responsable du monde. Soit il croyait en Dieu, mais sans en être sûr, et il faisait le bien pour faire en quelque sorte exister Dieu. »

 

L’homme pourrait-il vivre sans cet espoir, même s’il ne veut pas, ou plus, croire… ?

 

(*) L'An 01 est un film français de 1973, réalisé par Jacques Doillon. Il est adapté de la bande dessinée L'An 01 de Gébé.

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Le coin du voile de Laurence Cossé

Éditions Folio 1998,  (Gallimard. 1996)

Prix Roland de Jouvenel de l’Académie française 1997

Couverture : Gauguin, Autoportrait au Christ jaune (détail) – musée d’Orsay, Paris. Photo © RMN – M. Bellot.

Acheté neuf, Maison de la Presse. 4.50€

 

 

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