écrire, écrire, écrire... à quoi bon ?

Publié le par la lectrice

écrire, écrire, écrire... à quoi bon ?

 

Voici un livre emprunté au rayon « documentaires jeunesse » sur le métier d’écrivain. Un livre qui a toute sa place dans un rayonnage de médiathèque. Les livres sur le sujet devraient d’ailleurs être plus nombreux, mais voilà, la place manque, et le stock doit tourner. Les « vieux » livres doivent laisser la place aux derniers arrivés. Les auteurs, si possible, doivent être encore vivants. Sinon, c’est que nous sommes au mieux dans une bibliothèque au pire aux archives… C’est ainsi.

Ce livre contient d’ailleurs un passage sur la postérité, à la lettre A, A comme auteur, comme artiste.

 

« Entre expérience personnelle et analyse des grands de la littérature, Pierre Mezinski nous

explique le métier d’écrivain ».

Il y pique aussi parfois les grands, du moins les connus, et les moins grands, connus aussi, parfois connus ou lus plus que les méritants.

Dur métier que celui d’écrivain.

Peut-être que parfois des personnes prétendant ne pas savoir écrire pourraient faire des chefs d’œuvres si elles pouvaient avoir sous la main, un plumitif laborieux qui transforme leur pensée en mots, phrases, sujets, compléments.

 

Page 16 –«  Le pouvoir de l’œuvre d’art, c’est de faire naître dans celui qui s’y plonge une expérience mentale créatrice écho de celle de l’artiste. »

L’écrivain est-il un artiste ? L’auteur est-il un écrivain ? Sont-ils tous deux des artistes comme un peintre ou un sculpteur ?

Qu’est qu’une œuvre d’art ? Sempiternelle question.

 

« Y a pas d’évolution et de progrès qui tienne. Homère avec sa lyre, Virgile et son calame, Hugo et sa plus d’aigle… Céline et son Bic… l’artiste en est toujours au même point qu’au début des âges. Il regarde le monde et voit un noir bazar. Vrac absurde et informe, lié d’illusions et de délires… il cherche à retrouver là-dedans un fil d’ordre… signe de vérité… à retrouver là-dedans un sens perdu… parole… poème ? Un peu d’amour… un peu de beauté…

 

Styliser le bison, ciseler les formes ou les phrases, c’est une façon de ne pas laisser le chaos triompher. »

Travailler pour la postérité ?

« Naguère, la démarche artistique, c’était de travailler pour la postérité.

Ça aidait bien. C’était une source incomparable d’énergie qui soutenait l’artiste au milieu des difficultés matérielles. Pour la postérité, on faisait des choses qu’on n’aurait jamais faites si on avait pensé n’écrire que pour le public du moment.

C’était pour la postérité que les grands écrivains de jadis pouvaient consacrer toute leur vie à leurs œuvres. »

«Peut-on encore aujourd’hui parler de postérité ? S’il n’y a plus de postérité, il n’y a plus d’art, c’est aussi simple. »

 

« L’humble labeur sans résultat, on est prévenus qu’on y aura droit. Des cageots de brouillons seront jetés à la poubelle. Céline : 80 000 feuillets d’écriture pour chaque roman de trois cents pages. »

 

 

Page 29 Mais qu’écrire quand on souhaite écrire ? Écrire pour soi, pour être lu ou… pour vendre ?

À vouloir écrire pour vendre, on peut écrire n’importe quoi sur n’importe quoi.

« Hélas, dès qu’on s’écarte du souci de la forme, le cri devient vite n’importe quoi. Il n’y a qu’à voir ce qui est arrivé à la littérature française des dernières décennies du XXè siècle. »

 

Selon Mezinski, fini le style, besogne ingrate, bonjour le déversage du n’importe quoi, n’importe comment.

Fustige-t-il l’étalage de peau dans les romans plus si roses ?

 

« Tout dire ? Et de quoi donc se sont mis à parler les bouquins ? En long, large, travers, détails – tous les détails ? bin… d’une chose fort amusante sans doute à pratiquer soi-même, mais dont les descriptions livresques sont d’une monotonie sans nom. C’était ça, le « tout dire ». Tout dire, c’était le nombril… ou plus bas.

D’abord, on a appelé ça de l’audace. C’était juste de l’obscénité. Le vrai cri écrit, c’est autre chose. Lisez Poil de Carotte, ça vous remue autrement fort. »

D comme Dictionnaire. Un chapitre sur l’orthographe est absolument nécessaire dans un livre sur le métier d’écrivain. Indispensable même. Histoire de remettre le point sur le i, l’accent circonflexe pour les perplexes !

L’orthographe, c’est important : IM POR TANT !!!

 

« Je connais peu d’écrivains qui ne soient pas fous des dictionnaires. Le dictionnaire, c’est le livre numéro un d’une langue. C’est son monument, son chef-d’œuvre. C’est aussi un ouvrage que tout le monde a plus ou moins écrit. »

 

« Le dictionnaire, c’est aussi un livre qui contient tous les autres. »

« L’orthographe, c’est ce qui nous prouve qu’on ne trouve pas, en naissant, un monde tout neuf, à notre guise. Le monde vient de loin, la langue aussi. Rien ne sort de rien. Tout vient d’une longue continuité. »

« pour ma part, il n’y a qu’événement qui me choque. Événement qui se prononce, s’est toujours prononcé « évènement »…..

« Pour le reste… est-ce qu’on se plaint que les cathédrales ont trop de flèches et les châteaux trop de clochetons ? La musique trop de neuvièmes de tons, qu’on peut, sur certains instruments, entendre tout à fait nettement ? Est-ce qu’on se plaint que dans le monde les choses soient subtiles et complexes ? Est-ce que j’aimerais mieux que tout soit nu, plat, égal, sans surprises ? Qu’on n’ait comme cuisine que le McDo, comme musique que la techno, comme poésie que les chansonnettes et comme littérature que les textes des affiches de recrutement de l’armée française l’année dernière :

« Entretenir un Mirage demande autant de précisions que pour le piloter !

Faire atterrir un Mirage est aussi difficile quand on est au sol ! »

 

Page 30 et 31 -à voir photos

 

Page 54 et 55 -à photo

 

Certains chapitres finissent par être si confus que l’on doute du « jeunesse » appliqué par l’éditeur. A-t-il tout lu ou s’est-il contenté des images ? Du charabia délirant. Si c’est pour « faire jeune », si c’est pour faire littéraire tout en expliquant comment écrire il faudra qu’un jeune le lise et m’explique. Je suis égarée dans ces diatribes sous hallucinogènes…

Soyons pas vachard, perdue sur deux chapitres, je me retrouve plus loin. Là où l’auteur flagelle ses contemporain.e.s.

 

Au chapitre P comme Public, P comme publier :

Et pour être publié faut-il faire la retape sur la couv ? « N’y a plus que ça qui paye. Une tête, la vôtre,

solidement maquillée, bariolée pas loin chef Papou, même si vous n’êtes pas Apollon ou un prix de Diane, vous la mettez sur tous vos livres, en couverture, systématique ! Ça c’est de la vraie retape. Du raccrochage à la fenêtre. On appelle ça vendre sa gueule. »

Oui, oui, l’exemple type que l’on retrouve sur les pochettes de disques, l’écrivain.e qui se met devant, très devant, son « œuvre ». On pourrait même dire qui mets « ses devants » avant son cerveau… Mezinski ne cite pas de nom.

« autoresses »… « solidement maquillée »… « bariolée »…

 

Plus loin voici des bases d’explication sur les styles classique, baroque et moderne.

Page 89 -à voir photo

 

C’est à relire. Plusieurs chapitres sont à lire et à relire. C’est tellement vrai !

Mais… qui est-ce Mezinski qui tapote sur les plumes de ses collègues ?

 

Page 90 au chapitre S comme Style

« Tous les styles sont fabriqués et artificiels. Seulement, ça ne doit pas se voir. Aucune espèce de procédé, artifice, rhétorique ou fabrication ne doit se faire sentir. On ne peut pas être simple et naturel sans effort. « Être naturel, c’est savoir rendre invisible son désir de perfection. » Aucun style n’est plus travaillé que celui de Céline, tout en donnant une impression de verve pure, de jeu verbal, de délire, d’inspiration. On le sait parce qu’on connaît les brouillons du lascar. »

 

Et voilà, les brouillons. Encore des « trésors » que nous enlèverons les claviers informatiques. À moins que nos écrivains ne gardent une copie avant chaque relecture, chaque modification… qu’ils aient conservé l’original chargé des « commentaires » des «corrections », de chaque trace d’intervention ?

Mais qui fait ça ???

 

Page 91  chapitre « T comme TALENT »

« Ce qu’on fait sans talent finit toujours dans une impasse. Ce qu’on fait sans talent n’apporte jamais de vraie joie ».

« Soyez plutôt maçon si c’est votre talent » Boileau

 

Un peu radical sur ce coup-là !  On peut être très bon maçon et écrire diablement bien ! Écrire des nouvelles, des poèmes, et plus peut-être, c’est aussi une histoire de… disponibilité, et pas seulement de l’esprit.

On peut aussi faire ce qu’il nous plait ! Au moins pour nous, juste pour nous.

« Ce qu’on fait sans talent finit toujours dans une impasse. » ; Oui, bon. Il faut bien commencer, s’y essayer, s’apprendre, apprendre, se découvrir –ou pas- du talent –ou pas.

 

Mais qui publie-t-on ? Qui réussit à passer la corbeille à papier pour aller jusqu’aux rotatives ?

https://images.fr.shopping.rakuten.com/photo/814233742.jpgEt puis qui… vend ? Comment sortir des rayonnages où se côtoient tant et tant d’ouvrages aux photos ou titres plus aguichants les uns que les autres… comment ne pas passer à côté d’un auteur d’exception dont personne ne fait la promotion ?

Page 78 « Plus d’une fois j’ai trouvé un bouquin chef-d’œuvre dans une caisse de brocante. Livre inconnu, auteur « sans nom », texte… étonnant. Récemment : un roman, Accusé, lève-toi, d’un nommé Emmanuel Robin, publié chez Plon en 1929. Je ne sais pas si ce bouquin a jamais été réédité, je ne sais pas si ce livre a encore une « existence », mais foi de lecteur, c’est un chef-d’œuvre. »

 

Vous voulez écrire ? Vous voulez être publié ? Vous voulez vraiment ? Vous asseoir à une table à côté d’autres sagement assis aussi à leur table ?

 

Chapitre U ; U comme Utility

« … « obligations professionnelles » « Causer avec des journalistes, mettre ses atours pour cameloter devant les caméras, participer à des « Salons », faire des « séances de dédicaces ». Sagement assis à sa tatable à côté d’autres sagement assis aussi à leur tatable. Révérences et parafes. »…

 

 

Page 99  V comme Vérité.

« On peut très bien être romancier sans être romenteur. Le fictif peut très bien ne rien devoir à l’imaginaire. Le roman peut très bien ouvrir sur la connaissance. »

 

Allez, les gens, à vos plumes !!!   si ça vous permet de tenir bon, de faire face, de soulager votre esprit… écrivez !

Mais pensez à trouver du taf pour manger ;)

Et ne stressez pas devant la page blanche !

 

Métier écrivain de Pierre Mezinski

Illustrations de Pascal Lemaître

Éditions de la Martinière Jeunesse – 2007

Prix : 11€ - Emprunté à la médiathèque

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