Les colonnes du ciel de Bernard Clavel - 1 - la saison des loups
Saga en cinq volumes écrite par Bernard Clavel en 1975-1978.
Je constate sur les forums d’internet que ces livres sont encore lus, relus et commentés en 2016. Parfois déçu du premier volume, le lecteur ne poursuit pas ; il a bien tort !
Livres que je n’avais jamais lus, bien qu’il s’agisse d’un auteur régional sur un sujet régional : la guerre de Franche-Comté. En 1639, la Franche-Comté est ravagée par la guerre, la famine, la peste, la misère.
La guerre de Dix Ans (1634-1644) est l'épisode comtois de la guerre de Trente Ans (1618 à 1648).
On peut taper pour un plus de détail « Guerre de Dix Ans (Franche-Comté) » et lire…
La lecture de Clavel est aisée, quelques mots peu usités, inconnus en ce qui me concerne, à consonance régional, patois, ou termes oubliés. Mots issus également d’un parler professionnel, les mots des compagnons menuisier, charpentier. Des métiers ancestraux très présents dans chacun des volumes de cette saga. Mots faciles à comprendre une fois remis dans leur contexte. Un vocabulaire recherché est toujours un plus, à mon avis.
Les personnages sont résignés,courageux, forts et humains. On pourrait les penser résignés, mais c'est pire. Ils sont abattus. Si le premier tome ne le fait pas comprendre, la suite est inéluctable. Pourtant la vie est toujours en eux, forte et puissante comme la nature, comme la forêt.
Clavel parvient à nous faire humer les odeurs, les mauvaises comme les bonnes, comme celle des gaudes, celle du feu de bois qui réchauffent les membres surgelés, celle du bon pain, celle de la soupe où l’on fait tremper le lard et les herbes que l’on trouve…
Cette collection a fait l’objet d’un feuilleton diffusé sur la première chaîne française, TF1, en 1984. Je crois bien ne pas l’avoir vu.
Les colonnes du ciel sont les grands hêtres de la forêt de Chaux
et de toutes les forêts…
Tome I – La saison des loups
Hiver 1939. Un charretier, Mathieu Guyon, du village d’Aiglepierre, vers Salins les Bains, se retrouve à travailler à la Grande Saline après la mort de sa femme. Soupçonné d’avoir côtoyé une pestiférée et de l’avoir tu, il est envoyé comme enterreur dans un mouroir où les contagieux et les présumés sont parqués.
Les temps sont durs, très durs en Comté. La guerre fait rage. Les troupes ennemies pillent les terres, les villages, les bourgs, ils affament les populations rurales, les exterminent…
Mathieu, dans ses malheurs, rencontrera plusieurs personnages dont Pierre et sa sœur Marie. Il prendra alors une décision cruciale.
Ils avaient atteint une partie de la forêt plus clairsemée, juste avant la limite où elle mordait sur le replat. Ici, dominaient les charmes et les chênes encore feuillés, et le charretier fit quelques pas le long de l’arête pour gagner une roche nue d’où il pouvait voir vers le bas. Cette étendue de brume l’attirait. Là-dessous, il y avait une ville que menaçaient la guerre, la peste et la famine. Une ville qui pouvait, demain, être assiégée, investie et brûlée. Et c’était une chose qui paraissait impossible dans ce calme de la nuit.
(p. 124, Chapitre 10, Partie 2, “La plante de vie”).