Eugène Sue et la salamandre

Publié le par clublecteur

Eugène Sue et la salamandre

Je l’ai lu il y a trop longtemps pour en noter mes impressions aujourd’hui, 5 juin 2018. Je le reprends pour le rendre à sa propriétaire. J’en avais corné quelques pages, des passages intéressants.

Et si je l’ai encore depuis ce temps, c’est que j’avais apprécié ce roman plein d’embruns et d’écumes.

 

Eugène Sue (1804-1857) est connu des littéraires. Ses écrits sont nombreux : Romans exotiques et maritimes, Romans de mœurs, Romans historiques, Romans sociaux, Ouvrages politiques, Ouvrages divers…

 

Il s’agit là d’une « fabuleuse aventure maritime ».

Un commerçant bien installé dans sa boutique et sa vie bourgeoise est contraint, suite aux reproches de son épouse, à reprendre la mer. En effet, plus jeune c’était un officier de marine. Le voici promu capitaine de frégate, « au commandement d’une corvette de guerre » « chargé d’une mission importante ! »

Mais le marchand de tabac est inexpérimenté et l’on court à la catastrophe.

Il y a du monde sur le bateau, du bon et du mauvais. Une romance commence. Des haines s’éveillent. Des jalousies et des coups bas s’apprêtent à surgir en cet espace confiné.

 

Chapitre I – début du livre.

« Vers le milieu de la rue de Grammont existait, à Paris, en 1815, un bureau de tabac fort achalandé ; rien n’y manquait : on voyait à l’extérieur le long rouleau de ferblanc » (*) « qui renfermait une lampe sans cesse allumée, l’énorme tabatière de buis, et, au-dessus, une fresque de quatre pieds carrés représentant l’inévitable priseur qui, le pouce et l’index à la hauteur de ses narines dilatées, aspirait avec délices la poudre odorante. »

 

* fer-blanc a perdu son tiret dans cette édition… mais est conforme à l’édition de 1832 que l’on peut trouver sur https://books.google.fr

Idem pour les « brillans équipages » quelques lignes plus bas.

Eugène Sue et la salamandreEugène Sue et la salamandre

Chapitre III

« LA SALAMANDRE !...joli nom, élégant, coquet, expressif, coquet, élégant comme cette toute gracieuse corvette, si leste, si preste, si fine de formes, se carrée de voilure, si élancée de mâture !. »

 

Chapitre IX

« Certes ! si le bonheur existe, il existait ce jour-là à bord de la Salamandre.

Le bonheur ! être fantastique et réel, que chacun évoque sous une apparence si diverse.

Ainsi, au déclin du jour, quand le soleil, semant l’atmosphère de toutes les couleurs du prisme, inonde l’horizon de sa chaude lumière, qui se dégrade depuis le blanc le plus éblouissant jusqu’au rouge sombre et violacé, vous voyez quelquefois un nuage aux contours fugitifs et dorés que la brise du soir balance encore au milieu des vapeurs de ce ciel brûlant.

Ce nuage n’a qu’un aspect et il en a mille… Pour l’un, c’est une colonnade gothique, élégante et grêle, avec ses vitraux chatoyans » (*)… « Celui-là y admire un arbre aux branches d’or et aux feuilles de pourpre. L’autre y voit une figure largement drapée"...

 

Page 63, chapitre XI – Alice

Ici toute la poésie dont est capable Eugène Sue est visible. Voici Alice la jeune orpheline. Dans les romans, les personnages ont souvent perdus leurs parents ! Les voici abandonnés à eux-mêmes ou alors avec de lourds chagrins. Ensuite l’écrivain peut se laisser à toutes les perspectives du romanesque.

« Car qui saura jamais le cœur d’une jeune fille, abîme mille fois plus profond que le cœur d’une femme ! Entre elles deux c’est la différence de l’idéal au vrai. Chez une femme l’avenir est fait, arrêté, presque prévu ; chez une jeune fille tout paraît voilé, tout est incertitude, désirs vagues, espoir et frayeur, joie et chagrin. Cette âme, c’est une harpe éolienne, vibrant au moindre souffle qui vient effleurer ses cordes sonores ; c’est une harmonie confuse, bizarre, sans suite, incomplète, et qui pourtant ravit et attriste, fait pleurer et sourire.

- Oh ! dit Alice, que je voudrais ne pas penser, être fleur, arbre, oiseau, m’envoler dans l’air ou fleurir au bord d’un ruisseau ! Oui, je voudrais être fleur ! fleur qui se flétrit et qui tombe sans regretter sa mère. Mais pourtant qu’une fleur doit être isolée ! et quand le soleil se couche, donc, quelle tristesse pour elle ! »

 

Avouez ! qui écrit comme ça de nos jours ? Si vous avez des noms, confiez moi les !!!

 

Eugène Sue par François-Gabriel Lépaulle 1835

Eugène Sue par François-Gabriel Lépaulle 1835

Page 157 (chap.XXVII  - Bueno viage)

Szaffie est craint, il effraie autant qu’il envoûte. Il sort « d’effrayantes vérités sur l’homme et sur la femme ; des railleries sanglantes sur le genre humain. »

On cause à son sujet :

« - Ce n’est, ma foi ! pas ce qu’il mange qui le rendra malade, toujours ! dit le marquis. Excepté une espèce de pilau à la turque que lui fait son cuisinier, il ne mange rien ; et il ne boit que ce diable de breuvage que son valet de chambre lui apprête : du thé froid mêlé avec un peu de vin de Champagne. »

 

Pilau : Variante de pilaf.

Le riz est le fondement de toute la cuisine des Turcs ; ils l’apprêtent de trois différentes manieres. Ce qu’ils appellent pilau, est un riz sec, moëlleux, qui se fond dans la bouche. — (L’Encyclopédie, 1751)

https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/1re_%C3%A9dition/PILAU

Merci Messieurs Diderot et d’Alembert, et tous les autres…

 

Page 160 – chapitre XXVIII – SZAFFIE

Lui aussi est orphelin, décidément… Bel homme tout lui réussit…

« Ces succès de femmes qu’il avait trouvés si faciles, il les méprisa ; il en chercha d’autres dans l’ambition, et, par une fatalité singulière que les mœurs de l’époque font peut-être comprendre, tout lui réussit encore dans cette nouvelle voie.

Alors il commença de regarder les hommes et les femmes en grande pitié.

Car, par un singulier caprice de notre organisation, ce sont toujours les hommes qui ont le plus à se louer du monde qui exècrent le plus ce monde.

On le conçoit : l’homme, supérieur surtout, a de ces momens* de tristesse amère, de découragement profond dont le caractère principal est un sentiment prononcé de mépris pour lui-même.

Et quand il vient à penser que lui, lui si dégradé à ses propres yeux, est adulé, recherché, prôné par le monde, en vérité, il doit le dédaigner ou le haïr beaucoup, ce monde ! »

 

* fer-blanc n’a pas de tiret dans cette édition… mais est conforme à l’édition de 1832 que l’on peut trouver sur https://books.google.fr

Idem pour les « brillans équipages » quelques lignes plus bas.

À lire ici, si vous pouvez : https://books.google.fr/books?id=FuM9AAAAcAAJ&pg=PA5&lpg=PA5&dq=on+voyait+%C3%A0+l%E2%80%99ext%C3%A9rieur+le+long+rouleau+de+ferblanc+qui+renfermait+une+lampe+sans+cesse+allum%C3%A9e,&source=bl&ots=ututohTmi_&sig=4TIv97n3m_8qz5AObrk7meIaBaQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwimld-Okr3bAhUJ0xQKHdCiCwsQ6AEILTAC#v=onepage&q=on%20voyait%20%C3%A0%20l%E2%80%99ext%C3%A9rieur%20le%20long%20rouleau%20de%20ferblanc%20qui%20renfermait%20une%20lampe%20sans%20cesse%20allum%C3%A9e%2C&f=false

 

 

Marie-Joseph Sue dit Eugène Sue, né le 26 janvier 1804 à Paris et mort en exil le 3 août 1857 à Annecy-le-Vieux (Duché de Savoie), est un écrivain français. Il est principalement connu pour deux de ses romans-feuilletons à caractère social : Les Mystères de Paris (1842-1843) et Le Juif errant (1844-1845).

 

 

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